6 L'Eternel répondit à Job du milieu de la tempête et dit:
7 Ceins tes reins comme un vaillant homme; Je t'interrogerai, et tu m'instruiras. 8 Anéantiras-tu jusqu'à ma justice? Me condamneras-tu pour te donner droit? 9 As-tu un bras comme celui de Dieu, Une voix tonnante comme la sienne?
10 Orne-toi de magnificence et de grandeur, Revêts-toi de splendeur et de gloire! 11 Répands les flots de ta colère, Et d'un regard abaisse les hautains! 12 D'un regard humilie les hautains, Ecrase sur place les méchants, 13 Cache-les tous ensemble dans la poussière, Enferme leur front dans les ténèbres! 14 Alors je rends hommage A la puissance de ta droite.
15 Voici l'hippopotame, à qui j'ai donné la vie comme à toi! Il mange de l'herbe comme le boeuf. 16 Le voici! Sa force est dans ses reins, Et sa vigueur dans les muscles de son ventre; 17 Il plie sa queue aussi ferme qu'un cèdre; Les nerfs de ses cuisses sont entrelacés; 18 Ses os sont des tubes d'airain, Ses membres sont comme des barres de fer.
19 Il est la première des oeuvres de Dieu; Celui qui l'a fait l'a pourvu d'un glaive. 20 Il trouve sa pâture dans les montagnes, Où se jouent toutes les bêtes des champs. 21 Il se couche sous les lotus, Au milieu des roseaux et des marécages; 22 Les lotus le couvrent de leur ombre, Les saules du torrent l'environnent. 23 Que le fleuve vienne à déborder, il ne s'enfuit pas: Que le Jourdain se précipite dans sa gueule, il reste calme. 24 Est-ce à force ouverte qu'on pourra le saisir? Est-ce au moyen de filets qu'on lui percera le nez?
1 Prendras-tu le crocodile à l'hameçon? Saisiras-tu sa langue avec une corde? 2 Mettras-tu un jonc dans ses narines? Lui perceras-tu la mâchoire avec un crochet? 3 Te pressera-t-il de supplication? Te parlera-t-il d'une voix douce? 4 Fera-t-il une alliance avec toi, Pour devenir à toujours ton esclave? 5 Joueras-tu avec lui comme avec un oiseau? L'attacheras-tu pour amuser tes jeunes filles? 6 Les pêcheurs en trafiquent-ils? Le partagent-ils entre les marchands? 7 Couvriras-tu sa peau de dards, Et sa tête de harpons? 8 Dresse ta main contre lui, Et tu ne t'aviseras plus de l'attaquer. 9 Voici, on est trompé dans son attente; A son seul aspect n'est-on pas terrassé? 10 Nul n'est assez hardi pour l'exciter; Qui donc me résisterait en face? 11 De qui suis-je le débiteur? Je le paierai. Sous le ciel tout m'appartient.
12 Je veux encore parler de ses membres, Et de sa force, et de la beauté de sa structure. 13 Qui soulèvera son vêtement? Qui pénétrera entre ses mâchoires? 14 Qui ouvrira les portes de sa gueule? Autour de ses dents habite la terreur. 15 Ses magnifiques et puissants boucliers Sont unis ensemble comme par un sceau; 16 Ils se serrent l'un contre l'autre, Et l'air ne passerait pas entre eux; 17 Ce sont des frères qui s'embrassent, Se saisissent, demeurent inséparables. 18 Ses éternuements font briller la lumière; Ses yeux sont comme les paupières de l'aurore. 19 Des flammes jaillissent de sa bouche, Des étincelles de feu s'en échappent. 20 Une fumée sort de ses narines, Comme d'un vase qui bout, d'une chaudière ardente. 21 Son souffle allume les charbons, Sa gueule lance la flamme. 22 La force a son cou pour demeure, Et l'effroi bondit au-devant de lui. 23 Ses parties charnues tiennent ensemble, Fondues sur lui, inébranlables. 24 Son coeur est dur comme la pierre, Dur comme la meule inférieure. 25 Quand il se lève, les plus vaillants ont peur, Et l'épouvante les fait fuir. 26 C'est en vain qu'on l'attaque avec l'épée; La lance, le javelot, la cuirasse, ne servent à rien. 27 Il regarde le fer comme de la paille, L'airain comme du bois pourri. 28 La flèche ne le met pas en fuite, Les pierres de la fronde sont pour lui du chaume. 29 Il ne voit dans la massue qu'un brin de paille, Il rit au sifflement des dards. 30 Sous son ventre sont des pointes aiguës: On dirait une herse qu'il étend sur le limon. 31 Il fait bouillir le fond de la mer comme une chaudière, Il l'agite comme un vase rempli de parfums. 32 Il laisse après lui un sentier lumineux; L'abîme prend la chevelure d'un vieillard. 33 Sur la terre nul n'est son maître; Il a été créé pour ne rien craindre. 34 Il regarde avec dédain tout ce qui est élevé, Il est le roi des plus fiers animaux.